Nous passons quelques jours dans un village détruit par le tsunami où Enoch donne un coup de main à la rénovation d'une maison en torchis / bambou pendant que je continue l'enquête sur la mangrove (article pas encore écrit mais ça va venir) puis nous repartons...Nous finissons par trouver la maison du prêtre qui bien sûr nous accueille chez lui. Nous préférerions de beaucoup être à l'hôtel vu l'état de la maison et l'attitude endoctrinante du prêtre mais bon, on se dit que c'est que pour une nuit. Manque de bol, Enoch a choppé un coup de chaleur et a une fièvre carabinée. Tard dans la soirée, le prêtre surgit dans notre chambre et se met à prier avec de grands cris et de grands gestes dignes des pasteurs blacks dans les films américains ! C'est la première fois que nous côtoyons les chrétiens d'Inde. Ils ont le même genre de pratique qu'aux US. De grandes acclamations, des chants... et un "vouloir convertir" impressionnant ! On laisse passer l'orage ! et le lendemain, très tôt, nous voilà partis à pied et en bus à la rencontre du détenteur du secret des points vitaux. J'ai cru qu'on n'y arriverait jamais...
Nous changeons de bus je ne me rappelle plus combien de fois. Nous déjeunons dans un resto où le prêtre, en bon tamil qu'il est, s'empiffre au point de ne plus pouvoir se lever puis il tombe dans une lourde somnolence pendant laquelle il rote bruyamment des dizaines de fois. Nous le secouons un peu et le pressons "d'y aller". Nous ne savons pas combien de chemin il reste à faire et je ne me vois pas dormant une seconde nuit chez l'habitant dans le coin... Encore des km dans des bus de plus en plus... pourris, n'ayons pas peur des mots. Heureusement la route est plate, et aucun fossé sur les côtés !
Enfin, nous arrivons. Je me demande déjà avec horreur comment nous allons repartir de ce bled en plein milieu de nulle part à l'heure qu'il est. Le "n'import'nawak" indien continue. Cet autre prêtre chrétien a 92 ans. Après des heures de palabres il accepte de nous initier mais nous devons d'abord lui donner 2 000 ₹. Je suis désignée comme cobaye et je n'en mène pas large. Muni d'une plume pour ne pas toucher les points, ce qui pourrait "s'avérer mortel", le "maître" les pointe un à un, sur moi ahhhahh
Enfin, LA révélation... Les points secrets n'en sont pas : tempes, milieu des sourcils, nuque, espace sous le nez, bref ce que n'importe quel pratiquant d'arts martiaux connait... zut de zut !
— Bon maintenant je vais me reposer un peu, vous sortez et on reparle après.
— Ah ben, non, heueu... ça va pas être possible là, on reste pas plus longtemps. Maiaiais à part cetteuh... démo mmmh... qu'est-ce qu'il y a d'autre ?
— Ho, vous savez, j'ai 92 ans mais je peux vous terrasser en 2 secondes.
Oui ben je vais pas risquer la démo, on va m'accuser de brutaliser un vieux et encore si par chance je le tue pas sans faire exprès alors bon...
— Mais pour voir la suite il me faut encore 2 000 ₹.
— Ah en plus ? Ben alors non, ça ira là merci...
Il faut savoir que ça représente plus de 30 € ce qui pour ce que nous venons "d'apprendre" n'est rien d'autre qu'une énorme "enc...de". Mais bon, un deal est un deal, connaissant les indiens, on n'avait qu'à se montrer plus prudents. Nous donnons les 2 000 ₹ (halala, notre honnêteté sera notre perte) et nous sortons de la maison sans un regard en arrière.
Miracle, un bus passe justement !
Il nous faut retourner chez le premier prêtre pour être sur une route nous permettant de continuer vers le Kérala.
Et là, s'en suit une histoire affreuse,notre bus percute un gamin en vélo. Sa tête fait un bruit de noix de coco éclatée sur le métal. Tout le monde se précipite hors du bus se jettent sur le garçon. Le prêtre qui nous accompagne nous supplie de nous enfuir avec lui en hélant un ricksha. On ne peut pas supporter de votre ce gamin étouffé par la foule Enoch se précipite pour les écarter pour le laisser respirer demande que quelqu'un appelle une ambulance personne ne l'écoute personne ne téléphone... Le gamin va mourir c'est sûr la foule se retourne contre nous en hurlant le prêtre hurle aussi qu'on doit partir que la foule va nous tuer. On recule... un ricksha arrive un homme en sort ramasse le gamin le plie en 2 pour le faire rentrer dans le ricksha notre chauffeur de bus hurle qu'il va redémarrer on remonte dans le bus le chauffeur me fait asseoir tout devant contre le parebrise. J'ai l'impression d'être dans un cauchemar, je pleure. Le prêtre nous fait dormir de nouveau chez lui, il a invité des parents à lui pour nous montrer. On est dans un état bizarre et on n'a qu'une envie c'est de fuir cet endroit.
J'ai repéré le petit village de Kovalam dans le routard et je veux quitter le Tamil nadu de suite. Encore une nuit et au petit matin le bus pour le Kérala.
On arrive en ricksha à Kovalam. Il faut qu'on sorte de cette ambiance glauque dans laquelle on est depuis quelque temps. Je garde les sacs et Enoch entreprend une exploration du coin. Il est en meilleure forme et il est bon pour dénicher la perle rare. J'attends donc totalement déprimée mais sereine devant ce beau paysage. 2 h passent. Ma sérénité va tourner à l'anxiété... quand je le vois apparaître rayonnant. On reprend un ricksha et Enoch lui indique la route, il n'est plus très sûr car il est venu à pied et par un autre chemin. On tournicote un peu et enfin il se repère et m'emmène vers LA guest house. Magnifique, il n'y a pas d'autre mot : cachée dans une forêt infinie de cocotiers, une maison simple... une chambre simple mais très très propre, pas chère, rien à voir avec les "resorts" au bord de l'eau et... à 5 min à pied de la plage... On dépose les sacs, on se douche et on y va et ça le fait à fond !
La mer ! La vraie.
Dans la mer d'Oman on peut se baigner sans crainte des courants impardonnables ou des merdes qui flottent car oui, du côté Est, les tamils utilisent leurs plages comme crottoirs. Si tu te lèves un peu tôt tu assistes au vidage d'intestins matinaux de tous les villageois...
L'enquête sur le varmakalai continue et comme nous savons que cet art fait partie d'un tout médecine et massages ayurvédiques, je vais tester le massage...
j'ai envie de profiter de la vie !
Je croyais sortir du cauchemar, avant d'avoir "subi" mon premier massage...
(à suivre dans "Kovalam beach" ou "sur la piste du varmakalai part 3")