J'ai (Alain) tourné dans plusieurs films ou pub, j'ai même été doublure lumière pour une vedette du cricket au moment de la
cojours mais quand même...
On s'amuse, on s'ennuie, on gagne un peu d'argent, on rencontre des gens... On tourne dans le désert, dans des lieux
pitoresques ou des hôtels de luxe...
Voilà des photos de moi acteur !
Là, c'est "La révolte des cipayes"
mise en scène pour un docu-fiction.
Le réalisateur est allemand et le film est destiné à être vendu à Arte.
Il y avait trois jours de tournages prévus
mais Sylvie et moi on partait au Népal
pour de sombres raisons administratives
du coup je n'ai pu y rester qu'un seul jour.
En partant le soir, le réalisateur m' a dit :
"Dommage que tu ne puisses pas revenir,
tu es très bon acteur".
Mine de rien c'est fatiguant comme boulot, pourtant il y a plus d'attente que de tournage, peut-être que c'est pour ça d'ailleurs que c'est usant. Arriver à 6 h le matin, on repart le soir après
le coucher du soleil pour maximum trois heures de shoot répartis par petits morceaux dans la journée. J'étais crevé. Mais mort tu vois. Pourtant j'avais réussi à dormir un peu après le
repas.
Sylvie est venue me rejoindre sur le tournage, le réalisateur super sympa lui a proposé de s'asseoir près de lui et aucun prob' pour les photos, elle en a pris des dizaines.
Sur ce tournage-là, j'incarne l'officier britannique qui montre comment ouvrir les cartouches de poudres : une main est occupée à tenir le fusil, l'autre servant à tenir la cartouche, il ne reste
que le choix d'utiliser les dents pour arracher le couvercle. Dans un but malveillant, certains font courir la rumeur que les cartouches sont enduites de graisse de cochon pour protéger la poudre
de l'humidité. Les soldats indiens étant évidemment soit hindoux donc vég soit musulmans donc cochon, pas de commentaires... En réalité ce n'est plus de la graisse animale depuis
longtemps...
Sur le plateau, pour recréer une ambiance conforme à l'imaginaire que les occidentaux ont "des Indes orientales" il y avait une dustcar : une voiture, à laquelle est attaché des fagots. Elle
tourne autour du camp reconstitué en permanence pour faire de la poussière !
J'ai gagné 3 000 रू (45 €) pour un jour !
J'ai aussi tourné dans un film pour Bollywood, "Veer" !
Malgré la superstar jouant dedans (non, pas moi : Salman Khan), ce film là, je ne sais pas si je vais le mettre dans mon pressbook : ça a été un navet absolu. Déjà début 2009, Zoé était une Lady habillée tout de rose dans ce même film mais le tournage a été interrompu à cause d'un accident : les indiens voulant voir les acteurs se sont
massés autour du Fort en telle quantité qu'à un endroit un mur s'est écroulé sur des enfants ! il y a eu 15 blessés ! Heureusement pas de morts.
Dans mon équipe ce jour-là, on était 2 suédois et moi, en plein désert. Je suis habillé tout en noir avec une moustache. Apparemment je suis un chef des méchants anglais et j'interviens dans
quelques scènes avec l'héroïne, je ne suis pas simple figurant en arrière plan ! J'ai un fusil et je la protège d'un tigre.
Au moment de la pause repas, je parle un peu avec Salman Khan le héros... Je vais faire rêver pas mal d'indiens ! Un gamin m'a demandé un autographe en sortant, il était déçu que je sois pas
Salman Khan ! C'était flatteur pour moi mais comment nous confondre ? mystère...
Pour la pub du "pan" on était tous les 3 : Sylvie, Zoé et moi... Quand on démarre un tournage, le matin on ne sait jamais pour quoi ni pour qui on va tourner... Là, on sait seulement vaguement
que c'est un metteur en scène de Mumbai et qu'on va tourner au Hawa mahal.
On est des touristes, avec sacs à dos bien sûr, qui arrivons juste sur le sol indien. Nous sommes accueillis à l'indienne,
des femmes ont tout prévu : tikas, encens, colliers de fleurs... tout quoi...
sauf qu'elles ont cru qu'on était 2, quand Enoch apparaît c'est la cata : il manque un collier de fleurs ! C'est alors qu'intervient le marchand de pan du coin de la rue : il voit l'embarras des
hôtesses et propose comme collier une bande de sachets de pan. C'est... bon disons vaguement amusant.
Lorsque j'ai mon collier, je dois goûter le pan !! et dire face à la caméra :
"hum, c'est bon !".
Ah là là, le boulot d'acteur !
Pour la première prise ça va encore. Le goût est un peu... surprenant. Heureusement je le garde pas en bouche
longtemps.
Ah ! On doit le refaire : je prends mon paquet avec un peu plus d'appréhension mais ça passe encore.
Zut, une troisième. Et là, c'est le drâme : effet d'accumulation ?
J'essaye de retenir une grimace et arrive à dire un énooorme mensonge
"Mmmh (glups) c'est... ...bon-ouf-ça-y-est-je-peux-tout-recracher !"
Je crois que le réal' s'est rendu compte qu'il pouvait pas insister : il s'est tourné vers la script, a marmonné quelque
chose et a dit "All right, c'est dans la boîte, on passe à la suite".
Autant le pan frais dans des feuilles de bétel, celui qu'on sert dans les mariages "riches", c'est très bon...
Autant là ! c'est... même pas dégueulasse... c'est... je connais pas le mot. Ça arrache la bouche mais un truc...
enfin, bon, j'ai tout recraché...
.
Une petite anecdote :
Le tournage se déroule bien, on trouve même qu'on n'a pas beaucoup attendu par rapport à d'autres tournages... jusqu'à l'intervention du personnage clé : LE vendeur de pan ! L'acteur choisi est
trop typique, rajasthanais jusque dans ces énormes moustaches qu'on ne voit que dans des gravures d'époque ou encore maintenant devant les resto chics ! Le metteur en scène, il a frôlé l'attaque.
Attaque cardiaque à défaut d'attaque du "pan wala". Cette scène ô combien difficile consiste à décrocher un ruban de pan et à s'approcher des femmes pour le leur donner. Au signal convenu,
l'homme ne décroche pas le pan, pourquoi ? mystère... le metteur en scène lui fait signe, lui joue lui-même la scène, rien n'y fait... on n'y croit pas !!
Ils ont repris... mais des dizaines de fois, on a vu le réal' passer par toutes les phases classiques d'une situation
ingérable : sidération, déni, colère, marchandage, dépression, acceptation !
Les bras m'en tombent. Non mais qu'est-ce qu'il comprend pas sur ce coup-là ?
oookaaay c'est le Rajasthaaan, on va pas s'énerveeer, c'est normaaal mais non de non, RÉVEILLE-TOI VIEUX !
Bon, maintenant, il faut un peu S'BOUGER là !
ON PERD DU FRIC là !
C'est facile, écoute, moi je fais le signal, toi tu décroche le collier, d'accord ? Top là ?
C'est pas grave ça arrive à tout le monde de pas y arriver tout de suite...
Je viens de Mumbai. J'ai dirigé des stars... Qu'est-ce que j'fous là ? Mais qu'est-ce que j'fous là ?
Où qu'il est mon studio tout bien réglé avec des pros hein où qu'il est ?
À un moment, il a exigé le silence total, presque y' mettait un flic pour arrêter la circulation dehors. Il a fait
taire tout le monde et exigé qu'on le laisse seul face à l'acteur.
Même les insectes se sont arrêtés de voler !
Bin ça n'a pas marché non plus... il a fini par allumer une cigarette en regardant en l'air sans rien dire...
Nous pendant ce temps, on fait les idiots dans un coin avec un fauteil roulant qui traîne là on sait pas trop pourquoi.
Et brusquement, en pleine sieste : Signal !
On avait complètement décroché alors on ne sait pas comment ils s'en sont sortis avec le grut mais brusquement, tout le monde bouge et on déménage le plateau au Jal mahal de l'autre côté de
Jaipur.
Et en rentrant à Jagatpura,
que voit-on sur le chantier ? !
Ces sachets sont très peu chers,
donc très consommés par les indiens
de la rue.
La pub pour la coupe du monde de cricket 2011 passe sur youtube, c'est celle où il y a un funambule, on me voit mais il faut
être très attentif ! par contre Zoé est perdue dans la masse !