Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

C'est Nous

  • : L'Inde autrement
  • : La vie au jour le jour en Inde et les voyages de connaissance de soi que nous proposons dans ce pays si différent de la France. La vie à l'écohameau de Barthès : tout ce que nous mettons en place pour y préserver l'écologie environnementale et favoriser l'écologie relationnelle.
  • Contact

Recherche

5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 16:16

Nous venons de rentrer de Delhi.

Il a bien fallu se décider à se coltiner "la corvée de l'auditor".

L'an dernier, nous avons pris un auditor (une espèce de comptable homme de loi quasi obligatoire pour se sortir des méandres légaux). Sa mission est de monter le dossier de dépôt de l'entreprise et on lui a versé une avance. En un an il n'a pratiquement rien fait. À peine arrivés, quelques jours pour souffler à Jaipur et nous voilà repartis à Delhi en chantant "I've got the power!"

L'auditor n'est pas ravi-ravi d'apprendre que nous sommes là "pour de vrai" et que nous voulons le rencontrer. Il finit quand même par accepter de nous recevoir à son bureau.
D'emblée nous lui réclamons le peu de feuilles que peut contenir le dossier et un remboursement de 70 % de l'avance (7 000 रू). Ils se mettent à deux pour essayer de nous dissuader mais nous tenons bon. Enoch finit par se lever. Je le suis. On est comme les équipes de policiers dans les films, on a un jeu d'acteurs assez au point !
— "Vous avez jusqu'à demain pour réfléchir après on fait intervenir l'anti-corruption !"

Le lendemain :
— "OK, on a attendu un jour de plus alors c'est 10 % de plus. 8 000 रू  !"
Ils nous font signer un papier, la main de l'auditor tremble en écrivant. De rage, de frustration ? mais on repart avec nos 8 000 रू .
Yyeeesss ! comme quoi, même avant Anna Hazare (2011) parler de lutte contre la corruption ça marche !

La création d'entreprise est un long parcours semé d'arnaqueurs, on doit s'entourer d'avocat, d'auditor et prendre vraiment beaucoup d'infos… on finit par trouver ici à Jaipur un auditor à peu près sérieux. "À peu près" parce que un jour il dit une chose et après s'être renseigné, il se dédit. Mais c'est apparemment le mieux qu'on pourra obtenir.

Selon le savoir-vivre indien, la loi est quelque chose de très lointain et d'assez hypothétique. Tout se base sur des suppositions et ce n'est que confronté à la réalité bureaucratique que les "sopposés-savoir" se rendent compte que finalement...
Celui-là en tout cas est recommandé par Ashok le bijoutier qu'on connait depuis notre 1° séjour. Ashok d'ailleurs est le partenaire indien muet de l'entreprise car toute entreprise doit avoir au moins un pour cent du bureau en indien.
Ce nouvel auditor nous dit que l'entreprise pourrait être fonctionnelle en 1 ou 2 mois. Let see...

Comme un signe que ce sera beaucoup plus long, à la sortie de Delhi on a 3 h de bouchon en plus des 5 h de route. On a faim et on en a marre !
Ceci dit nous ne revenons quand même pas bredouilles. On profite des roupies récupérées pour acheter des pâtisseries françaises à l'Imperial un "5 étoiles". Ils ont un chef français... ou belge, l'hôtesse n'était plus sûre mais pour elle c'est pareil, on est tous des "westerns". Dans cette pâtisserie ils font un happy-hours. Le soir les gâteaux sont à moitié prix. Avec la clim du bus tout a bien résisté jusqu'à Jaipur et avec Zoé on s'est régalé de mille-feuilles, éclairs et baguettes.

Nous commençons à chercher une imprimante. Rémi nous a fait une recherche internet pour nous conseiller le meilleur modèle correspondant à nos besoins. Zoé et moi explorons Raiser bazar pour trouver un modèle laser couleur qui ne soit pas un fake ce qui n'est évident ici. À Raiser, c'est tous des magouilleurs. Ils n'hésitent parfois même pas à carrément vous rire au nez en vous vendant une daube. Il faut être très attentif et ne pas perdre courage.
Après trois jours d'exploration, nous trouvons enfin notre affaire mais ça demandera deux jours de délai. Nous donnons l'avance de rigueur et attendons.
Le troisième jour, sans nouvelle –bien sûr– nous téléphonons. Vu qu'on est un vendredi –bien sûr– ça devra attendre lundi.
— Bon je retiens cent roupies par jour de délai supplémentaire. D'accord ?
À notre grande surprise, il répond
— D'accord
Pour finir, l'imprimante est arrivée le mardi –bien sûr– et lorsque les livreurs nous demandent le solde, nous retenons donc deux cents roupies. Grosse discussion au téléphone avec le boss qui dit ne jamais avoir dit qu'il accepté cent roupies de moins par jour –bien sûr– mais bon, ils n'allaient pas nous braquer pour les avoir les deux cents roupies.

Tout demande un temps fou ici, on a des journées de dingues. Et souvent on a l'impression de rien faire car il y a plein d'attente partout.

Quoi qu'il en soit, on a commencé à visiter des terrains et on se rend compte que c'est plus cher que ce que nous pensions d'après notre enquête de l'année d'avant.
On a peut-être trouvé quelque chose qui semble convenir mais maintenant commencent les difficultés administratives :
On enrage de voir comment le gouvernement est trop surprotecteur avec les indiens. Ils veulent entrer dans la ronde de l'OCDE mais pour ça, excusez-moi, il faudrait qu'ils sortent leur tête de leur c...
Les "foreigners" n'ont pas les mêmes droits que les indiens. Ok c'est normal. Et puis c'est normal aussi d'essayer d'éviter la main mise des occidentaux riches sur le marché local d'autant que depuis quelques années l'Inde se taille la réputation d'être la prochaine nouvelle puissance mondiale, mais là ils poussent quand même un peu trop.
Un exemple parmi de multiples : il est impossible à des non-indiens de vendre directement à des particuliers.

Enfin bref, ça fait rager mais c'est comme ça.
Pour le "point chaud" c'est foutu. On va devoir trouver un partenaire local. Ça implique d'expliquer chaque choix avant action. Sachant comment il est difficile de faire comprendre une nouvelle stratégie marketing, ça ralentit d'autant les actions-éclairs qui font toute l'efficacité du concept.
Ces choix politiques du gouvernement sont quand même un gros frein à un développement économique local générateur de richesses et créateur d'emplois.
Je voudrais voir la tête du premier ministre indien si l'Europe décidait de fermer tous les restau' indiens tenus par des indiens.
Manmohan Singh si vous nous lisez...

Partager cet article
Repost0

commentaires