En Inde ce qui vous saisit d'abord c'est le bruit...
Ganapati bappa morya !
Mangal mûrti morya !
(Père Ganpati, reviens-nous ! Toi qui portes chance, reviens-nous !)
Nous sommes à Pune dans le Maharashtra, là où les célébrations liées à Ganesha sont les plus remarquables, on ne va pas rater ça même si on est venu essentiellement pour méditer au centre d'Osho !
La plus importante cérémonie se déroule à quelques km du centre ville mais la circulation est bloquée et la marche dans la foule en délire j'ai déjà donnée et je crains...
Notre rikshavala nous sauve (eh oui pour une fois merci rikshavala !) : d'autres endroits de la rivière Mula-Mutha accueillent aussi les adorateurs du "Babar rouge" et on peut s'y risquer à pied.
D'un pont nous découvrons émerveillés ce qu'on pensait ne pas pouvoir approcher : un rituel de fin de célébration de Ganesh le dieu à tête d'éléphant.
Enfin on est contents parce qu'on va voir ce qu'on voulait, mais de loin, ce n'est pas vraiment merveilleux... La rivière est archi-crade comme partout en Inde. Depuis des heures des milliers de dévots balancent leurs friandises à l'intention du dieu et les assiettes en carton suivent gaiement bien sûr et se rajoutent à tous les déchets d'égouts arrivant déjà dans l'eau...
Allez on y va, on va pas se laisser arrêter par des ordures, après tout, comparé au site funéraire de Kathmandu c'est plutôt clean !
Ganapati bappa morya ! Ganapati bappa morya !
Ganapati bappa morya !
Les chants sont de plus en plus forts. Mais contrairement à la kumba mala ou à l'intérieur du temple de Kali, ici l'ambiance est joyeuse, pleine de dévotion et non agressive. Ouf ! On nous offre plus de sucreries qu'on nous envoie de poudre rouge.
Bain de foule seulement pour nous... dans l'eau je ne me risquerais pas.
D'ailleurs la plupart des hindus non plus. C'est le fils aîné qui s'y colle s'il n'est pas trop jeune
soit le plus souvent un délégué qu'on paie de 50 à 500 roupies pour nager un peu au large et immerger la ou les statues
ou un batelier qui se charge de la noyade.
Le Ganesh ci-dessous a une monture (la souris) particulièrement amusante...
Immersion parfois difficile car les statues sont creuses !
De la rive les familles suivent LEUR Ganesh des yeux,
anxieuses ou surexcitées,
elles lui adressent un signe de la main avant de le voir rejoindre la nature.
Enfin vous m'avez comprise c'est l'objectif mais pour rejoindre la nature il faudra un certain temps, l'argile d'antan a cédé la place au plâtre et aux peintures toxiques... Mais ça vous le savez déjà si vous nous avez suivis sur les trottoirs de Jaipur en septembre dernier chez "les gens qui travaillent avec le sable".
Rubrique "Pour en savoir plus" :
La fête dure environ 10 jours. Les familles achètent des statues sur les trottoirs de la ville, voir article Les gens qui travaillent avec le sable. Elles les ramènent chez elles.
Tous les jours offrandes et rituels
devant le Ganesha de plâtre amènent à
recevoir protection,
connaissance, sagesse...
enfin tout ce que symbolise
ce fils de Shiva et Parvati.
Ces statues s'appellent des mûrti, ce ne sont pas des idoles. Elles servent de support et ensuite on les jette pour les rendre à la terre. L'idée est que l'esprit humain est agité en permanence, ce qui n'est pas faux je vous l'accorde mais ça peut aussi se guérir par un intensif de méditation ! Bref, les hindus eux donnent une forme aux différents dieux par des mûrti. En se concentrant sur ces mûrti l'esprit se calme et peut saisir l'Un véritable de Dieu, principe divin informe.
Mais non, relisez bien ce n'est pas compliqué et c'est futé.
Les symboles peuvent être très utiles en méditation comme les paraboles dans les enseignements spirituels.
Malheureusement, de symbole, l'humain passe facilement à croyances puis à superstitions enfermantes en suivant des traditions dont l'explication se perd dans sa tête ou ses émotions comme dans la nuit des temps... Tous les hindouistes interrogés ne voient pas en leur statuette ce symbole, ils l'adorent comme une idole.
Le culte de Ganesh n'engendre certes pas de mouvement de folie comme le culte de Kali. Il n'amène pourtant pas à la compassion : chacun multiplie les offrandes, les dépenses financières... pour attirer le regard de Ganesh sur lui et sa famille. Quant à la valeur des artistes créant les statues, elle n'est pas reconnue, le prix d'une reproduction est négociée âprement sur les trottoirs. Et les familles riches paient des intouchables pour qu'ils se risquent dans les eaux de la rivière à la place de leur fils.
Festival septembre 2013 Pune