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C'est Nous

  • : L'Inde autrement
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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 21:15

... Après la  magie de cette rencontre, Jeanine et moi sortons de la maison des hijras, nous nous retrouvons dans la rue un peu éblouies bien sûr par le soleil mais surtout très touchées par ce court moment entre "femmes". 

En partant nous leur demandons la permission de revenir avec un traducteur le lendemain... parce que quand même on aimerait connaître leur vie.
C'est d'accord.

Nous proposons à Zoé de nous accompagner.
Nous partageons avec Enoch ce que nous venons de vivre :
À aucun moment nous ne nous sommes senties en danger, nous avons partagé des barfis et personne n'a demandé quoique ce soit de plus... 

Le lendemain nous n'avons pas trouvé de traducteur disponible voulant bien se déplacer (tu parles...). Sur un papier, on fait traduire à Enoch nos questions en hindi... J'ai fait des tirages des photos, elles sont magnifiques, on a pris des encens ramenés de Pushkar comme cadeau et à 11 h nous sommes toutes les 3 devant la maison.
On entre.
Au début tout se passe bien, c'est l'heure où elles reviennent à la communauté après leurs activités en ville. Elles sont nombreuses, regardent les photos.

hijra dans l'entrée de leur maison

 

Celle qui nous a parlé hier arrive...
nous lui offrons des encens.
Elle est ravie, contente aussi des photos.
Elle lit nos questions et commence à répondre.

Tout à coup, une vihijra gurueille débarque en criant et en gesticulant. C'est elle le guru, pas celle que nous avons vue hier ! 

 

Elle ordonne aux filles d'aller dans leurs chambres mais, absorbées par notre arrivée, elles n'y prêtent pas attention.

 

 

Alors, le guru se met tranquillement à distribuer des claques comme une mère indienne à des enfants indisciplinés tout en nous faisant signe de dégager par des gestes peu amènes.
(j'ai souvent vu ce mot dans des livres. C'est la première fois que je l'utilise. C'est vrai que ça se la pète dans un texte...)

Les filles s'éparpillent dans leurs chambres comme une volée de moineaux.
(ça aussi je l'ai souvent vu dans des livres, je trouve que ça fait bien là !).

Je calme la vieille avec un paquet d'encens à la rose qu'elle pose au pied d'une divinité, trônant devant une colonne.

Elle se détend un peu mais insiste tout de même pour que nous partions.
Bien sûr on part en la saluant respectueusement.

Déception... mais... bon, on les a vues, on a donné nos photos, on sait où elles sont.

Une fois dehors nous réalisons une fois de plus à quel point les indiens sont enfermés dans leurs croyances, la peur, les on-dit...
— Vous allez vous faire agresser !
— Elles vont vous jeter un sort !

Cette communauté indienne est bien moins à craindre que
les mendiants sur les trottoirs qui essaient de nous frapper ou de nous étrangler,
les commerçants qui nous poursuivent pour nous arnaquer sur les prix,
les mecs "innocents" qui nous touchent les seins dans la rue,
les rikshawala au "meter" soit-disant cassé qui triplent le prix des courses,
les "real estates" qui nous appellent "my friend" tout en augmentant les tarifs puisqu'on est blanc,
ou cette bourge' qui m'ordonne de donner à un mendiant...

 

explication de ce dernier exemple :
Je quitte une ville, je suis dans la gare de bus et j'ai préparé un colis pour mendiant avec des habits et de la nourriture. Je viens de le donner à un vieux qui tout content change ses "trésors" perso de sac pour les mettre dans le mien qui est tout neuf et pas troué. Il s'est assis à mes pieds et trie ses affaires, je le regarde en souriant et en attendant Enoch... quand une bonnne-femme en sari de soie me flanque un coup, me désigne le vieil homme et me dit en anglais :
— Tu peux bien lui donner quelque chose ! Allez, donne, donne !"
Elle me secoue le bras. Elle insiste :
— bakshish old man !
1e envie : me justifier. Mais je me retiens, à quoi ça sert ? Une petite leçon quand même ?
— And you ? You have no money for him ? He is an indianman, he is your beggar, not mine...
Elle se retourne d'un bloc et part en
marmonnant. Je pense que c'était des insultes...

Je les trouve tous très agressifs par leur indifférence systématique à l'autre, leur certitude de vivre dans la culture la mieux conçue au monde, leur façon de considérer les occidentaux comme des "porte-monnaie sur pattes" ou des animaux aux moeurs sexuelles douteuses.

Alors les hijras, pour moi, c'est comme les marionnettistes, j'ai été contente de les rencontrer et d'échanger avec eux, même si ce sont des "low castes".

Si des indiens de cette "high cast" dont ils sont si fiers me lisent, j'espère qu'ils comprendront que ça ne les met pas à l'abri des oeillères particulières à chaque culture et que peut-être cette compréhension les rendra un peu plus tolérants. En fait non, je suis sûre que ça changera rien ! mais c'est juste un coup de gueule en passant ! lol

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commentaires

A
<br /> <br /> Les barrières culturelles sont encore puissantes. C'est bien dommage et parfois périlleux. Mais je suis vraiment surprise par toute cette violence. La guru paraisaait encore la plus amène.<br /> <br /> <br /> <br />
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